
Les 300 ans de Casanova
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Emeric Cristallini
4/1/202516 min temps de lecture




Le lieu de naissance de Giacomo Casanova ne se trouve pas à l'endroit où la plaque a été apposée, calle Malipiero (calle della Commedia à l'époque). C'est en revanche là où vivaient ses parents l'année de sa naissance.
Son vrai lieu de naissance, c'est derrière la porte ci-dessus (et ci-dessous), au n° 2993 (n° 1 à son époque) de la calle delle Muneghe. C'est là où habitait sa grand-mère et où il vécut durant sa première année, ses parents étant partis en voyage.


Le premier souvenir de Casanova, qu'il raconte dans Histoire de ma vie, c'est une hémorragie nasale dans sa chambre alors qu'il a huit ans. Sa grand-mère Marzia lui lave le visage et l'emmène en gondole à Murano.
Elle frappe à la porte d'un taudis....


Ils y trouvent "une vieille femme assise sur un grabat, tenant entre ses bras un chat noir, et en ayant cinq ou six autres autour d'elle. C'était une sorcière. Les deux vieilles femmes tinrent entre elles un long discours, dont j'ai dû être le sujet. A la fin de leur dialogue en langue fourlane (du frioul), la sorcière, après avoir reçu de ma grand-mère un ducat d'argent, ouvrit une caisse, me prit entre ses bras, m'y mit dedans et m'y enferma, me disant de ne pas avoir peur..." (Histoire de ma vie, Giacomo Casanova).
Casanova raconte qu'il avait très peur et que les paroles de la sorcière n'étaient pas faites pour le rassurer. Il se garda bien de remuer dans sa caisse, s'appliquant surtout à presser son mouchoir sur son nez pour éviter de tacher l'intérieur de la caisse de son sang.
Le petit Giacomo se trouva ainsi guéri de ses fréquentes hémorragies nasales...
Une science occulte l'avait sauvé. En revanche, cinq mois plus tard, la médecine officielle eut moins de succès avec son père, qui mourut d'un abcès à l'oreille, en décembre 1733.
Dans son malheur, Giacomo eut la chance de bénéficier de quatre protecteurs puissants : les trois frères Grimani, qui étaient propriétaires des théâtres San Giovanni Grisostomo et San Samuele, dans lesquels jouaient ses parents, et également le fameux poète Giorgio Baffo. Un des frères Grimani, abbé, et Baffo l'emmenèrent avec sa mère en pension à Padoue, où il étudia à l'Université.
A son retour de Padoue, Giacomo habita calle dei Orbi, à l'actuel n° 3089, dans une maison que ses parents avaient loué à partir de 1726, à leur retour de Londres et où son père mourut. Casanova précise dans Histoire de ma vie, qu'"elle était grande et très bien meublée".






Comme on peut le voir sur la première photo, cette maison était sur trois étages. Giacomo y habita à partir d'octobre 1739 avec son frère Francesco qui était en apprentissage dans l'atelier du décorateur Antonio Joli (note 4 du chapitre IV, La Pléiade). Son autre frère, né après la mort de son père, ainsi que sa sœur furent installés quant à eux dans la maison de sa grand-mère, que l'on a vue plus haut. Même si elle ne l'hébergeait plus, la grand-mère continua de s'occuper de Giacomo, qui restait son préféré. Elle décida de l'engager dans une carrière ecclésiastique et le confia pour cela au curé de San Samuele, l'église de sa paroisse.






Ce curé, qui s'appelait Tosello, présenta Giacomo à un noble vénitien, Alvise Gasparo Malipiero, dont le palais, au bord du Grand Canal, avait un côté donnant sur le campo San Samuele où se situait l'église.






Ce patricien, âgé de 75 ans, ""nourrissait malgré son âge et sa goutte un penchant amoureux" (Histoire de ma vie, tome premier, chapitre IV). Il avait un faible pour une jeune fille de 17 ans, Thérèse Imer, qu'il pouvait voir de la fenêtre de sa chambre car sa famille habitait dans le palais que l'on peut voir ci-dessus au second plan.




Le palais de la famille Imer donnait également, de l'autre côté, sur la corte del Duca Sforza, aux numéros 3063-3065.
Giuseppe Imer, le père de Thérèse, était impresario et auteur au théâtre San Samuele où il tomba amoureux de Zanetta, la mère de Giacomo.
Mais retournons de l'autre côté du palais, qui donnait sur un jardin privé, et où Thérèse chantait à sa fenêtre en exposant ses charmes à Son Excellence Malipiero.
Alvise Gasparo Malipiero n'était pas sénateur comme l'indiquait Casanova dans l'Histoire de ma vie (La Pléiade, tome premier, IV, note 8). Mais il appartenait à une grande famille patricienne de Venise. La fenêtre de la chambre de Teresa était en face de celle de Malipiero, qui en profitait pour la regarder dès qu'elle ouvrait sa fenêtre. Teresa se savait observée mais ne cherchait pas à se cacher, dans le but d'intéresser le riche patricien à son modeste sort. C'est ainsi que celui-ci l'invita chez lui et délia le cordon de sa bourse pour lui payer ses leçons de chant. Pour autant, Teresa venait toujours le voir accompagnée de sa mère et lui refusait tout baiser, ce qui le rendait furieux. Giacomo, qui avait 15 ans, fut témoin de ces scènes et en fut frappé. Un jour, il suggéra à Malipiero de demander Teresa en mariage mais celui-ci lui répondit qu'elle avait refusé sa demande. Malipiero demanda alors à Giacomo s'il allait la voir chez elle. Celui-ci lui répondit que non, car il pourrait en devenir amoureux. Giacomo avait compris qu'il lui fallait éviter de déplaire au vieillard. Pourtant, ce qu'il redoutait finit par se produire. Un jour, pensant que Malipiero dormait : "il nous vint envie, à un certain propos, dans l'innocente gaieté de notre nature, de confronter les différences qui passaient entre nos configurations." Malheureusement, Malipiero ne dormait pas et surprit les deux jeunes gens "au plus intéressant de l'examen". Giacomo reçut de violents coups de canne et dut renoncer aux dîners somptueux et à la protection de ce puissant patricien.
Sa carrière ecclésiastique s'étant soldée par un échec à la suite d'un sermon délivré sous l'emprise de l'alcool, Giacomo continua pourtant de se rendre dans la maison de l'abbé Tosello, dans la salizada San Samuele, pour y voir sa nièce Angela.


On ne sait pas précisément où habitait l'abbé Tosello mais l'on sait que dans cette rue vécut Véronese de 1583 à sa mort, en 1588.
Ses visites devenant trop fréquentes, Giacomo se vit interdire l'accès à cette maison par l'abbé Tosello. Mais il put continuer de voir Angela dans la maison de ses deux amies dans la rue prolongeant la salizada San Samuele en direction de l'église et du Grand Canal, la calle de le Carrozze.


Les deux amies d'Angela étaient sœurs. Orphelines, elles vivaient chez leur tante maternelle Mme Orio. Nanetta avait 16 ans et Marta 15. Giacomo se servit d'elles pour communiquer secrètement avec Angela. Un jour, Madame Orio invita Giacomo à dîner pour le remercier d'avoir intercédé en sa faveur auprès de Malipiero, dont il était encore à ce moment-là le protégé, afin qu'elle soit inscrite dans la liste des veuves nobles bénéficiant du soutien de la confraternité du Saint-Sacrement, dont Malipiero était président. Suivant un plan préétabli par courriers, Giacomo déclina l'invitation, fut reconduit au rez-de-chaussée par Nanetta, qui ouvrit la porte et la referma tandis que Giacomo restait à l'intérieur et monta quelques minutes plus tard discrètement jusqu'au troisième étage où se trouvait la chambre des deux sœurs. Comme convenu, les trois jeunes filles vinrent le rejoindre après le dîner...
Pour autant, cette nuit ne répondit pas aux attentes de Giacomo : alors qu'au bout d'une heure ils se retrouvèrent dans les ténèbres, Angela prit soin de lui échapper malgré ses supplications...Deux mois plus tard, le stratagème se renouvela mais cette fois sans Angela et la nuit fut plus heureuse pour Giacomo...
Peu de temps après, Giacomo fit son premier long voyage pour revenir ensuite vivre à Venise à l'âge de 20 ans. Il mena une vie dissolue, gagnant sa vie en jouant du violon dans la journée mais se livrant la nuit, avec des camarades, à des impertinences au détriment des honnêtes gens, fréquentant l'auberge Do Spade, dont le restaurant existe toujours...






Durant ces années, Casanova était un peu livré à lui-même. Sa mère avait quitté Venise définitivement et sa grand-mère était morte. Mais son activité de violoniste allait donner à Giacomo un nouveau tour à son existence vénitienne. En avril 1746, il fit partie de l'orchestre qui anima les bals organisés à l'occasion du mariage de Girolamo Cornaro et d'une fille de la famille Soranzo, propriétaire d'un palais sur le campo San Polo.


La façade de ce palais est incurvée : c'est parce qu'elle suivait le cours d'un canal dont le tronçon qui traversait le campo San Polo fut bouché en 1761, 15 ans après notre histoire.


La fête dura trois jours. Les bals se tenaient dans le palais. Le troisième jour, vers la fin de la fête, une heure avant le lever du soleil, Casanova laisse l’orchestre pour rentrer chez lui, calle del Carbon, ruelle perpendiculaire à la riva del Carbon, près du Rialto, de l’autre côté du Grand Canal.
En descendant l’escalier, il remarque devant lui un sénateur en robe rouge qui descendait aussi les escaliers pour rejoindre une gondole qui l’attendait sur le rio Sant’Antonio qui n’avait pas encore été comblé. Les sénateurs portaient en effet une toge rouge avec des manches larges. Casanova voit une lettre tomber près du sénateur au moment où il sortait un mouchoir de sa poche. Il se précipite pour ramasser la lettre et rejoint le sénateur dans l’escalier. Il lui remet la lettre. Le sénateur le remercie, lui demande où il habite et, pour lui exprimer sa reconnaissance, l’invite à monter avec lui dans sa gondole pour le ramener chez lui. Ils suivent donc le cours de l'ancien rio Sant'Antonio, qui rejoint l'actuel rielo Sant'Antonio...




Ils voguaient depuis trois minutes sur le rio Sant’Antonio – sur le tronçon qui s’appelle maintenant le riello Sant’Antonio - lorsque le sénateur prie Casanova de lui secouer le bras gauche. Il se plaint que ce bras est complètement engourdi. Casanova le secoue de toutes ses forces mais le sénateur lui dit avec des mots mal articulés que sa jambe gauche s’engourdit aussi et qu’il se sent mourir. Casanova comprend que le sénateur est en train de faire un malaise. Il tire le rideau de la felce, prend la lanterne et regarde le visage du sénateur : il voit avec effroi que sa bouche s’est retirée vers son oreille gauche et que ses yeux se ferment.
Au bout du riello Sant’Antonio, ils venaient de tourner à droite en contournant la Cà Bernardo et se trouvaient maintenant sur le rio San Polo. Il crie aux barcarols d’arrêter et de le laisser descendre pour aller chercher un chirurgien. Il pense que le sénateur fait une attaque d’apoplexie et qu’il faut d’urgence le saigner. Il descend sur la petite fondamenta Cà Bernardo, juste après le pont. Il court au café dans la calle del Scaleter où on lui indique la maison d’un chirurgien, toute proche, au n° 2235. Il frappe fort à la porte en criant ; on lui ouvre et on réveille le chirurgien qui dormait encore. Casanova le force à l’accompagner sans lui laisser le temps de l’accompagner. Le chirurgien prend son étui et accourt avec Casanova jusqu’à la gondole. Ils trouvent le sénateur moribond. Le chirurgien le saigne et Casanova déchire sa chemise pour lui faire un bandage. Le chirurgien, en se retirant, dit à Casanova que la saignée devrait faire effet rapidement mais lui conseille de le raccompagner chez lui pour le mettre au lit. Il apprend à Casanova qu’il s’agit du sénateur Matteo Giovanni Bragadin et qu’il habite près du campo San Marina, au bord du rio San Lio, en face de l’actuel Théâtre Malibran.








Casanova referme le rideau de la cabine et demande aux barcarols de les y conduire au plus vite. Le trajet était assez long : il fallait poursuivre en face par le rio delle due Torri jusqu’au Grand Canal puis aller rechercher à droite le rio San Giovanni Grisostomo de l’autre côté du Grand Canal et enfin prendre à gauche le rio de San Lio. La gondole était à peine arrivée au pied du palais que Casanova et les barcarols crient de toutes leurs forces pour réveiller les domestiques. Ils portent le sénateur au premier étage du palais. Celui-ci n’allait guère mieux. Casanova demande à un domestique d’aller chercher un médecin, qui lui fait une nouvelle saignée. Informés par les domestiques, deux amis du sénateur arrivent. Ils veillent Bragadin avec Casanova jusqu’à midi où ils déjeunent dans la chambre du moribond. Vers le soir, un des patriciens dit à Casanova qu’il pouvait partir s’il avait des affaires. Casanova lui répond qu’il dormirait toute la nuit dans son fauteuil s’il le fallait car il était certain que Bragadin ne mourrait pas tant qu’il resterait là. Il eut raison de rester. Vers minuit, le médecin eut l’idée d’apposer sur la poitrine du malade une onction de mercure. Bragadin fut pris très vite d’une grande effervescence à la tête. Le médecin prétendit que c’était le début de la guérison.
Toutefois, l’état du malade empirait à vue d’œil. Le médecin rentra chez lui, confiant malgré tout dans son remède. Mais peu de temps après, Casanova, voyant Bragadin tout en feu et dans une agitation mortelle, lui découvre la poitrine, lui lève l’emplâtre et le lave avec de l’eau tiède. Cinq minutes après, Bragadin allait mieux et tout le monde put aller se recoucher…






Le lendemain matin, Bragadin invita Casanova à s'installer dans son palais. Il le fit par reconnaissance mais aussi en considération des pouvoirs surnaturels qu'il lui prêtait. La façade de ce palais côté canal donnait sur l'actuel Théâtre Malibran. Ce théâtre fut construit en 1834 à l'emplacement de l'ancien théâtre de San Giovanni Grisostomo, dans lequel Casanova assista à des spectacles. Ce théâtre fut lui-même édifié à l'endroit où se trouvait la maison de Marco Polo, détruite par un incendie. De l'autre côté, le palais s'élevait sur le campo Santa Marina.


En plus de l'hébergement gratuit, Casanova bénéficia, de la part de Bragadin, d'une pension mensuelle qui lui permit de vivre dans le luxe. Il en profita notamment pour fréquenter le Caffe de la Venezia trionfante, qui fut très vite appelé, par les habitués, le Caffé Florian, du nom de son propriétaire, Floriano Francesconi, qui l'ouvrit en décembre 1720.








Casanova profita aussi de cette pension pour voyager : notamment Milan, Parme, Bologne, Genève... Puis rentre à Venise. Mais le 1er juin 1750, il part à Paris puis va, avec son frère, jusqu'à Dresde voir sa mère... Rentré à Venise, il quitte le palais Bragadin en mars 1755, pour louer un appartement à l'arrière de la Basilique Santi Giovanni e Paolo, dans l'ancienne calle della Gorna, aujourd'hui disparue car intégrée dans l'enceinte du grand hôpital de Venise.


Le premier jour où il se rendit dans cet appartement composé de deux chambres, on venait de saigner pour la 104ème fois la fille de la maîtresse de maison. Cette dernière était veuve et vivait avec ses filles, dont celle-ci, qui se prénommait Cléotilde et souffrait d'aménorrhée pubère, qui se manifestait par l'absence totale de règles. Le médecin de famille, Righelini, qui avait aidé Casanova à trouver cette location, lui expliqua que le seul remède qui guérirait Cléotilde serait un amoureux robuste. Casanova lui demanda pourquoi, en plus d'être son médecin, il n'était pas son apothicaire. Righelini lui répondit qu'il ne voulait pas prendre le risque de se tromper doublement. Ce soir là, en rentrant du palais Bragadin, où il continuait de dîner régulièrement, Casanova trouva deux jeunes filles sur son balcon, qui donnait sur les Fondamonte Nuove. L'une d'elles était Cléotilde, qui lui rappela qu'il l'avait prise le matin même pour une statue de cire, tellement elle était pâle. L'autre jeune fille était sa sœur cadette Silvia . Elles souhaitaient profiter de la fraîcheur de la lagune. Casanova les enjoignit de rester. Ils discutèrent pendant deux heures. Casanova fut frappé par le charme de Cléotilde, qui avait retrouvé un peu de couleurs. Le lendemain matin, il sonne et Silvia lui apporte de l'eau chaude pour qu'il se rase. Casanova lui demande des nouvelles de sa sœur. Silvia lui répond que celle-ci se porte bien si ce n'est qu'elle doit se faire saigner régulièrement, dès que la respiration lui manque. Casanova entend alors un violon ; Silvia lui dit que c'est sa sœur qui apprend à danser le menuet. Casanova se hâte alors de s'habiller pour aller la voir. Le maître de danse, quand il le vit, lui proposa de danser un menuet avec son écolière... Au bout de huit jours, les discussions sur le balcon et les menuets avec Casanova, rendirent un peu de santé à Cléotilde. Mais un matin où elle dansait le menuet seule avec Casanova, son maître de danse ayant été congédié, la respiration lui manqua brutalement. Elle tomba inanimée entre les bras de Casanova. Alertée, sa mère envoya chercher le médecin tandis que Silvia se mit à délacer la robe de sa sœur. Righelini arriva et la saigna. Cléotilde retrouva ses sens immédiatement. Ceux de Casanova restèrent éveillés jusqu'à la crise suivante où il joua le rôle d'apothicaire...
Un matin, Casanova rentre chez lui après avoir passé la nuit à jouer. Il trouve la porte de la maison défoncée et toute la famille bouleversée. La propriétaire lui dit que Messer Grande, le grand inquisiteur d'Etat était passé avec une troupe d'archers de police et avait mis sens dessus dessous la maison, en disant qu'il cherchait une malle remplie de sel, ce qui constituait une contrebande d'importance. Elle lui avait montré une malle qui ne contenait que des habits. Elle demanda à Casanova de rapporter ce fait au sénateur Bragadin pour obtenir réparation. Casanova se rend au palais de son protecteur. Celui-ci lui répond qu'au lieu de demander réparation, il devrait plutôt se mettre en lieu sûr. Il lui conseille de partir pour Florence et d'y rester jusqu'à ce qu'il le prévienne qu'il peut revenir. Casanova lui répond que ne se sentant coupable de rien, il ne voit pas pourquoi il devrait prendre la fuite. Il regrettera ce manque de sagesse car le lendemain, le 26 juillet 1755, à la pointe du jour, Messer Grande entrait brusquement dans sa chambre accompagné de ses archets et le mit aux arrêts...
Il fut enfermé dans les Plombs, les prisons du palais des doges, sans procès. Il y aurait sans doute fini ses jours sans son évasion rocambolesque dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1756...






Il quitte la République de Venise. A Bolzano, le sénateur Bragadin lui fait parvenir de l'argent. Il passe par Munich et Strasbourg pour rejoindre Paris, où il connaîtra le succès en racontant son évasion...
Le 3 septembre 1774, il obtient enfin la grâce des Inquisiteurs et peut retourner à Venise après 18 ans d'exil ! Il tente de toucher des revenus en devenant impresario au théâtre Sant'Angelo mais son esprit innovant (faire de la publicité en distribuant gratuitement un journal créé par lui-même : Le Messager de Thalie) ne suffit pas : le public ne vient pas et le théâtre doit fermer deux ans après. Pour pouvoir rester à Venise et payer un appartement au deuxième étage dans une modeste maison dans la Barbaria delle Tole, il doit espionner et rédiger des rapports pour l'Inquisition !


Au troisième étage de cette maison, habitait la famille Buschini, dont la fille, Francesca, qui était couturière, fut le dernier amour vénitien de Casanova. En effet, le 16 juin 1783, il est de nouveau contraint à l'exil, à la suite de la publication d'un pamphlet, Né amori né donne, ovvero la stalla ripulita dans lequel Casanova règle ses comptes contre des nobles vénitiens qui l'ont selon lui escroqué.
Cette fois, son exil est définitif. Il ne reverra jamais Venise...
Histoire de ma vie, Giacomo Casanova ; La Pléiade (3 tomes)
La Venise de Casanova, Dominique Cornez-Joly ; lineadacqua
A Venezia con Casanova, Kathleen Ann Gonzalez ; supernova