Le Voyage en Gondole : 17ème et 18ème jours
Deux nouvelles étapes du Voyage en Gondole : la plus belle nuit dans la gondole et le plus beau Racconcino !
Emeric Cristallini
10/5/202522 min temps de lecture


Dix-septième jour : San Stae


Pepe Roncino
Aujourd’hui, on retourne dans le sestiere de Santa Croce. Pour aller à l’îlot San Stae, on va prendre le rio San Stae, ce qui va nous permettre de longer un tout petit îlot, où on ne va pas s’arrêter car il n’y a rien à visiter. Pour rejoindre ce rio, on va contourner le palais Grioni par le rio de San Boldo… Et on prend tout de suite à gauche le rio de San Stae… A gauche, dans l’îlot que l’on va visiter, il n’y a pas de fondamenta mais il y en a à droite : d’abord la fondamenta de le Grue, appelée ainsi probablement car une famille nommée Grua y habitait… On longe ensuite la fondamenta rimpetto Cà Mocenigo, c’est-à-dire en face de la Cà Mocenigo, qui est du côté gauche.
Tintoretta
On peut visiter la Cà Mocenigo ?
Pepe Roncino
Oui, elle abrite le musée des costumes et des parfums.
Tintoretta
Ah, ce sera intéressant !
Pepe Roncino
On passe sous le pont et on longe le sottoportego Giovanelli… Et on s’arrête sur le campo San Stae…
Tintoretta
Ce sera la première fois que l’on dormira le long du Grand Canal !
Pepe Roncino
Oui, il fallait bien qu’on le fasse au moins une fois ! On sera aussi au pied de l’église San Stae. San Stae est la contraction dialectale de Sant’ Eustachio, Saint Eustache. Elle aurait été fondée au Xème siècle. Saint Eustache est un martyr romain du IIème siècle. C’était un général romain du nom de Placidus. Un jour, lors d’une partie de chasse, une croix lui apparut entre les bois d’un cerf et une voix divine l’interpella. Il se fit baptiser et prit le nom d’Eustache. L’église initiale fut démolie à la fin du XVIème siècle – car elle subissait des affaissements importants – et reconstruite en 1709, grâce au legs d’Alvise II Mocenigo, par Domenico Rossi pour la façade baroque et Giovanni Grassi pour l’intérieur…








On va la visiter tout de suite…On trouve des œuvres de Piazzetta, de Giambattista Tiepolo et de Ricci… Dans cette église est enterré Antonio Foscarini, un sénateur vénitien qui fut aussi ambassadeur à Londres. Regarde son buste, qui est toute une histoire !
En 1622, le sénateur Foscarini fut accusé d’avoir fréquenté en secret et de façon répétée des ministres de puissances étrangères, de jour et de nuit, déguisé ou non, et d’avoir révélé, en échange d’argent, les plus intimes secrets de la République de Venise. Il fut arrêté et jugé immédiatement. Il fut étranglé en prison et accroché par un pied entre les colonnes de la place Saint Marc.
Après sa mort, Lady Anne d’Arundel, épouse de l’ambassadeur britannique mais aussi filleule de la reine Elisabeth I d’Angleterre, fut jugée impliquée dans le complot. On lui demanda de quitter Venise. Elle décida alors de se rendre directement chez le Doge Antonio Priuli pour lui expliquer que Foscarini se rendait au palais Mocenigo, qui abritait alors l’ambassade d’Angleterre, uniquement pour faire l’amour avec elle. Elle fut ainsi disculpée. Six mois plus tard, Foscarini le fut aussi. Les autorités reconnurent publiquement leur erreur. Elles exhumèrent le corps et en honorèrent la mémoire par des funérailles d’Etat. On lui érigea ce buste...






















Nous voilà de nouveau sur la place. Regarde ce petit bâtiment à la façade rouge ! Il abritait la Scuola dei tira e battioro (tireurs et fileurs d’or)…




On prend maintenant la salizzada San Stae sur la droite de l’église, qui nous conduit au palais Mocenigo…


Les Mocenigo étaient une famille originaire de Milan. Ses membres s’illustrèrent souvent dans l’histoire de la Sérénissime., notamment à plusieurs reprises contre les Turcs ; l’un d’eux fut élu doge en 1474 après avoir aidé la reine Caterina Corner contre des ennemis. Il y eut cinq autres doges dans la famille. En 1954, Alvise Mocenigo légua son palais à la ville, qui le transforma en musée ; entrons le visiter !
Tintoretta
Chouette ! On va voir de beaux costumes et humer de bons parfums !
Pepe Roncino
A l’intérieur, il y a aussi de belles fresques rococo de Jacopo Guarana et Agostino Mengozzi Colonna…




















































Tintoretta
Très belle visite !
Pepe Roncino
On va maintenant retourner vers le Grand Canal… mais on va tourner à gauche pour prendre la calle Tron…


… qui débouche sur la calle del Forno, que l’on prend du côté droit… on arrive devant la Cà Tron…
Ce palais a été édifié à la fin du XVIème siècle et appartint à la famille Tron dont un membre fut élu doge. Aujourd’hui, c’est un bâtiment universitaire : l’institut universitaire d’architecture….


Tintoretta
Comme l’ancien couvent des Terese !
Pepe Roncino
On retourne sur la salizzada San Stae et on emprunte la calle del Tintor et la troisième ruelle à gauche, la salizzada San Stae, pour rejoindre notre gondole…
Tintoretta
Nous voilà arrivés ! Je suis ravie de passer la nuit au bord du Grand Canal !
Pepe Roncino
Il y aura peut-être un peu de bruit cette nuit mais ce sera une expérience inoubliable !


Dix-huitième jour : San Giacomo dall'Orio


Pepe Roncino
Comment as-tu dormi, ma Tintoretta ?
Tintoretta
J’ai été plusieurs fois réveillée par le bruit des vaporetti mais j’ai quand même passé une bonne nuit !
Pepe Roncino
Aujourd’hui, on va se trouver un emplacement plus tranquille ! Mais pour y arriver, on va faire un long trajet en gondole. On prend d’abord le Grand Canal sur la droite… On longe la Cà Belloni-Battagia, dont le premier étage est l’œuvre de Longhena…




Regarde tout en haut de ce palais ! Ce sont deux oculi qui indiqueraient qu’un membre de la famille Belloni fut capitan da mar, c’est-à-dire amiral de la flotte vénitienne….


On longe maintenant le Deposito del megio, qui regroupait les entrepôts à grain et à farine…
Tintoretta
Quelle est l’église que l’on voit au loin ?
Pepe Roncino
C’est l’église San Geremia et Santa Lucia…




De l’autre côté du Grand Canal, c’est la Cà Vendramin-Calergi, le Casino, où séjourna et mourut Richard Wagner…




On tourne autour du deposito del Megio et on prend, juste avant le Fontego dei Turchi, le rio éponyme.




Le Fontego dei Turchi était l’entrepôt des marchands turcs.




Tintoretta
On le visitera ?
Pepe Roncino
Oui, car c’est maintenant le musée d’histoire naturelle. Et on pourra admirer la façade quand on sera de l’autre côté du Grand Canal, sur le campo San Marcuola.










On va maintenant longer un îlot où on ne s’arrêtera pas ; regarde donc du côté gauche… On passe sous le ponte del Megio… Puis on poursuit par le rio del Megio…




On s’arrête au bout de la calle de Mezo…


Tintoretta
On sera bien ici !




Pepe Roncino
Oui, un endroit beaucoup plus tranquille qu’hier ! Et ce sera le sujet du Racconcino du jour !
On sort de la calle de Mezo pour rejoindre le campo San Giacomo dall’Orio.




On traverse le campo, que l’on visitera un peu plus tard… On prend à droite la calle larga… On tourne à gauche après la Trattoria Al Ponte del Megio.
Tintoretta
On est passé devant il y a quelques minutes !
Pepe Roncino
En effet ! C’est ici qu’on dînera ce soir. … On prend donc la calle del Spezier… Puis à gauche la calle del Capitello… On arrive sur le campo San Zan Degola…










Pepe Roncino
Sur cette place se trouve l’église San Zan Degolà, corruption de San Giovanni Decollato, Saint Jean décapité, dédiée à Saint Jean-Baptiste, le prophète qui a annoncé la venue du Christ et qui l’a baptisé sur les bords du Jourdain. La fondation de cette église est une des plus anciennes de la Venise réaltine car elle fut érigée en 1007 par la famille Venier. Elle fut restaurée au XIIème siècle par la famille Pesaro, puis en 1703. C’est maintenant une église orthodoxe.




Regarde ce bas-relief sur le mur ! C’est la tête de Saint Jean Baptiste posée sur un plat.


Tintoretta
Si tu le dis !
Pepe Roncino
Regardons un peu à l'intérieur de l'église !






Sortons ! Sur le côté gauche de l’église quand on regarde la façade, se trouvent deux petites cours que l’on va visiter….
D’abord, la corte Giovanelli…


... Puis la corte San Martin...


Puis on prend la calle del Capitello, dans laquelle se trouve un capitello, un édicule…


On arrive sur la salizzada del Fontego dei Turchi...
Tintoretta
On va visiter le musée ?
Pepe Roncino
Oui, allons-y ! Cet édifice a été construit à la fin du XIIème siècle. C’était au départ une simple maison d’habitation.
Tintoretta
Une grande maison, quand même !
Pepe Roncino
Oui ; au XIIIème siècle, elle devint la propriété de Giacomo Palmieri, ancien consul de Pesaro, tu te souviens ?
Tintoretta
Oui, la famille prit le nom de Pesaro !
Pepe Roncino
Mais en 1381, la République de Venise l’a acheté pour l’offrir à la famille d’Este, de Ferrare puis l’a repris pour le louer aux marchands ottomans en 1621. C’est alors que le palais prit le nom de Fondaco dei Turchi. Mais le commerce avec les Turcs se dégrada et le palais fut abandonné par les Turcs en 1838. Il fut presque entièrement reconstruit dans les années 1860 mais en restant fidèle au style vénéto-byzantin de l’édifice originel. Il fut le siège du musée Correr de 1880 à 1922, avant que celui-ci ne soit transféré sur la place Saint Marc. C’est depuis 1924 qu’il abrite le musée d’Histoire naturelle.
Tintoretta
C’est bien de pouvoir visiter le palais mais l’Histoire naturelle, ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus !
Pepe Roncino
Moi, non plus mais c’est un lieu chargé d’Histoire ! On va maintenant au bout de la ruelle voir un peu la façade.
Tintoretta
Pourquoi cette ruelle s’appelle-t-elle salizada ?
Pepe Roncino
Salizada vient de salizo qui signifie « pavé ». Les premières rues de Venise étaient en terre battue puis à partir de 1264, recouvertes de briques. A la fin du XVIIème siècle, le provéditeur – une sorte de ministre – Antonio Grimani fit revêtir toutes les rues de masegni, des pavés en trachyte extraite des collines Euganéennes, au sud-ouest de Padoue. Regarde d’abord la belle vue sur le Grand Canal ! En face, c’est San Marcuola. Et à droite, on peut voir la façade du Fondaco dei Turchi…




Tintoretta
Une très belle façade en marbre !
Pepe Roncino
En effet, un des palais les plus remarquables du Grand Canal !
Entrons maintenant !








































On va maintenant rejoindre le campo San Giacomo dell’Orio, la place la plus populaire de Venise. De la salizada, on prend à gauche le ramo secondo del Megio… et la fondamenta del Megio à droite… On continue tout droit par la calle Larga, où on longe de beaux palais…




Et nous voilà sur le campo !


Tintoretta
Oh, il y a un petit jardin !
Pepe Roncino
Oui, un petit potager, à l’entrée de la place !








Tintoretta
L’église semble très ancienne !
Pepe Roncino
Oui, l’église de San Giacomo Maggiore Apostolo date de 1225, tout comme le campanile mais il y avait à cet emplacement un sanctuaire dès le Xème siècle.




On se promène un peu sur la place puis on la visite...








Entrons ! Regarde le plafond en bois en forme de carène de navire ! Il date du XIVème siècle.








Et ce beau bénitier quadrilobé, en marbre cipollino d’Anatolie !


L’église abrite des œuvres mais aussi le tombeau de Giambattista Pittoni, un peintre vénitien mort le 6 novembre 1767, qui a peint dans cette église cette sainte conversation avec en haut la Vierge et son enfant, à sa gauche Joseph et en-dessous de Joseph, San Giacomo. A droite de Marie, Antonio donne un baiser à l’extrémité du drap avec lequel la Vierge soutient l’enfant Jésus. En-dessous, au premier plan, on trouve les saints Lorenzo et Sebastiano.




On trouve aussi des œuvres d’autres peintres comme Véronese ; ici : San Lorenzo, San Prospero et San Girolamo


Mais surtout beaucoup d’œuvres de Palma Le Jeune…
Comme Le Procès à San Lorenzo…


Ou Le Martyr de San Lorenzo…




Également La Nuit de Pâques…


On trouve aussi San Sebastiano, San Rocco et San Lorenzo de Giovanni Bonconsiglio, réalisée en 1498.


Dans le presbytère, on peut admirer la dernière œuvre de Lorenzo Lotto à Venise : La Madone et les saints. Aux pieds de la Vierge, se trouvent, à gauche San Giacomo et à droite, Sant’Andrea.


Dans la chapelle de la Vierge Addolorata, on trouve un retable de Lorenzo Gramiccia...




Pepe Roncino
Regarde cette colonne en marbre vert dont parle Gabriele D’Annunzio, dans son roman Le Feu : « Quelle matière sublime ! Elle semble la condensation fossile d’une immense forêt verdoyante… ». Elle fut rapportée de Constantinople comme butin de la quatrième croisade. Elle se trouvait auparavant à Jérusalem et constituait une partie du portique de Salomon, dans le temple construit par Hérode et détruit par l’empereur Titus en 72.


Tintoretta
Décidément, elle a beaucoup voyagé !






Elle se trouve devant la chapelle du santissimo, réalisée en 1604.






De chaque côté sont représentés les moments les plus saillants de la Passion du Christ, de Palma Le Jeune….
Avant de sortir, regarde cette icône de San Giacomo, réalisée par Gion Amedeo en 2014 !


On sort pour aller vers le pont de la Ruga Bella…
Regarde ce beau capitello !




On va maintenant faire un peu de courses à la supérette pour déjeuner dans notre gondole...
Tintoretta
On va être bien ; j'aime beaucoup cet endroit !
Pepe Roncino
Cet endroit est rempli de mystères. tu le verras ce soir à l'occasion du Racconcino de la Porta Blu !
Tintoretta
Chouette ! Non vedo l'ora comme on dit en italien !












Maintenant, je t’emmène voir une très belle petite cour : la corte Tagliapietra. On prend la calle del tentor et la quatrième ruelle à droite : le ramo de le Oche… Nous voici dans la corte Tagliapietra.
















Tintoretta
Magnifique !
Pepe Roncino
On retourne dans calle del Tentor, que l’on prend à gauche… A droite, se trouve une autre cour qui donne sur le canal, sur le rio de san boldo, comme la calle de Mezo et la corte Zambelli… Cette cour, s’appelle la corte de Cà Mariani.






On va maintenant rejoindre traverser la place et dîner au restaurant près du pont sous lequel on est passé en gondole : Al Ponte del Megio.
Tintoretta
Chouette ! J'ai envie d'un bon foie de veau à la vénitienne !
Pepe Roncino
Moi aussi ! Le chef en fait de très bons...


On va maintenant se promener dans ce qu’on appelle l’isola, qui se trouve entre le campiello del Piovan et le campo San Zan Degola…
En passant sous ce sottoportego, on accède à la corte Scura…


Tintoretta
Elle est vraiment très obscure !
Pepe Roncino
On retourne sur le campiello del Piovan pour prendre la calle de l’isola, qui nous conduit au campiello de l’isola…




On retourne sur la place...


Én face de l'église, il y a deux portiques qui mènent au bord du rio San Boldo. d'abord, ce sottoportego qui coinduit à la corte Zambelli...




Tintoretta
L'autre, c'est la calle de Mezo au bout de laquelle se trouve notre gondole !
Pepe Roncino
Tout à fait !
Tintoretta
Et c'est là que tu vas me faire le Racconcino de la Porta Blu !




Pepe Roncino
Regarde, l’eau du canal pétille comme du Prosecco !


Tintoretta
Pourquoi ?
Pepe Roncino
C’est le Racconcino de la Porta Blu…
Tu te souviens du racconcino de San Barnaba sur la turchettina ?
Tintoretta
Oui, l’histoire de Selima, la jeune fille turque qui fut assassinée par son ancien fiancé.
Pepe Roncino
Oui, elle portait une robe bleue et je t’avais dit que sa silhouette voguait la nuit sur le rio Malpaga vers le Grand Canal…. Eh bien, on pense que le fantôme de Selima a élu domicile ici et les bulles que tu vois proviennent de sa respiration.
Tintoretta
Pourquoi ici ?
Pepe Roncino
Parce qu’on est dans l’îlot où se trouve l’ancien Fontego dei Turchi, qui abrita, pendant deux siècles, la communauté turque. Ce n’était pas le cas en 1428, lors de l’assassinat de Selima mais à partir de 1621. Sans doute attiré par la présence de turcs, le fantôme de Selima commença alors à voguer autour de cet îlot.
Un soir, à la tombée de la nuit, dans les années 1920, en passant le long du campo San Boldo, Selima vit une jeune fille à sa fenêtre, dans la maison hantée dont je t’ai parlée avant-hier. Cette jeune fille portait une robe bleue et avait son âge lorsqu’elle connut son premier fiancé. Elle eut peur en voyant le fantôme et ferma brusquement sa fenêtre.
Chaque soir, Selima repassait devant le campo San Boldo en espérant la revoir. Il lui semblait s’être revue, vivante et elle désespérait de ne pas revoir son image. Pour ne pas manquer le moindre signe, elle passait la nuit au bord du campo, en face de la maison. Ne voyant rien, elle finit par s’approcher de la maison. Sans le vouloir, sa présence déclencha du vacarme, que l’on attribua à un poltergeist, comme je te l’ai raconté avant-hier. L’esprit frappeur, c’était Selima. La famille de la jeune fille finit par quitter la maison. Mais celle-ci, avant de partir, se rappela la vision qu’elle eut un soir et alla se poster sur le campo, au bord du canal.


En arrivant du rio del Megio, au niveau de ce portique, Selima la vit lui faire un signe. Elle en resta pétrifiée de bonheur. Elle n’osa pas se rapprocher pour ne pas faire peur à la jeune fille…
Le lendemain, la famille repartit dans son pays d’origine, en Turquie, où la jeune fille se maria quelques années après. Elle eut une fille, qu’elle appela Selima.
Cette nouvelle Selima passa son enfance sans bouger de la Turquie. Mais lorsqu’elle se maria, elle voulut faire son voyage de noces dans la ville où vécut sa mère. Elle ne savait pas où celle-ci avait habité mais un soir où elle traversait seule le campo San Giacomo dall’Orio, elle fut attirée par ce portique étrange qui s’ouvrait au fond sur une lumière bleue. Elle s’assit au bord du canal et remua ses pieds dans l’eau. L’eau se mit à pétiller. Elle se releva, voyant que sa robe bleue commençait à se mouiller et courut raconter ce phénomène à son mari, Osman…














